
Rosanne naquit le 20 août 1879, à Lyon.
Ses parents Antoine FORTOUL et Rosanne DEMAILLE, étaient boulanger, au 37 rue grolé à LYON, dans le quartier des cordeliers, derrière l'eglise ST Bonnaventure, à l'angle de la rue Thomassin.
Le berceau de la famille FORTOUL se situe à LANS, un hameau de Jaussirs, près de Barcelonette dans les Alpes de hautes provence. Dans les années 1980, j'ai rencontré, Jean Rémy FORTOUL, notre lointain cousin, qui habitait toujours dans la magnifique ferme familiale, avec ses nombreux enfants . A la fin des années 1800, la région de Barcelonette connut un important exode rural, car la terre était trop pauvre pour nourrir ses nombreux enfants. C'est donc dans ce contexte, que mon arrière grand père se retrouva à Lyon.
Enfant, Antoine, fut gravement blessé, par une ruade de cheval, à un oeil. Devant l'évolution facheuse de la vue du jeune garçon, sa mère, l'emmenna en train voir le curé d'Ars, qui était célèbre à l'époque, avec un immense espoir dans le coeur, mais Jean marie VIANNEY, le curé d'ARS, ne put constater que la perte d'un oeil, il rassura neanmoins la mère et l'enfant en leur faisant la promesse que si Antoine gardait la foi, il sauvegarderait l'autre oeil. A 37 ans, en juin 1886, il dut se faire enlevé son oeil malade et porta, des lors, une prothèse en verre. Toute sa vie il resta très inquiet au sujet de sa vue et regardait souvent, avec une petit miroir rond, son oeil resté sain, miroir, que ma mère possède toujours, et qu'il portait dans la poche de sa veste,.
Le jour de sa sortie de l'hopital DIEU, situé à coté du commerce familial, Rosanne attendait son père sur un banc en pierre, à coté du porche de l'hospital. Elle portait à sa bouche une aiguille, lorsque son père arriva brusquement, la petite, dans son etonnement l'avala et n'osa rien dire à ses parents, mais cet evènement heureusement n'entraina aucune incidence sur sa santé.
Ma grand mère Rosanne passa donc son enfance sur Lyon, avec sa soeur Lcy et son petit frère Antonin, dans le beau quartier très animé des cordeliers, à l'époque avec la bourse de commerce, les halles de Lyon, les galeries Lafayette...
Rosanne, jouait sur les quais du Rhône, et le dimanche dans le beau parc de la tête d'or. Parfois, elle allait voir ses grands parents à la combe des Eparres dans l'Isère, à une cinquantaine de km.
Un jour d'hivers, alors qu"elle était partit en diligence voir ses grands parents, toute seule, assise sur les genoux d'un passager, ses petites jambes dépassaient la portière dans le froid glaciale. Arrivé à destination, la petite Rosanne ne pouvait plus marché, les pieds presque gelés et couverts d'engelures, mais la encore, on ne déplora aucune suite facheuse.
Dans les années 1887 1890, avec la restructuration de la rue Grolé, la petite famille fut expropriée et dut quitté Lyon. Antonin, avec l'argent de l'indemnité d'expropriation, fit construire un Hotel restaurant à la Combe des Eparres. Rosanne devait alors avoir 8 ans environ.
C'est au café restaurant de la combe, que ma grand mère Rosanne, en servant la clientèle, connut mon grand père, Joseph Porcher. Il était boulanger à Nivolas vermelle à quelques kilomètres de là.
Joseph, naquit le 7 avril 1872. Elevé dans une famille de modeste agriculteur, très tôt il fit son apprentissage. Travaiileur et homme avisé, il dut abandonné le métier de boulanger à cause de l'asthme causé par la farine. Comme son beau père Antonin, il fit construire un hotel restaurant, en face de la boulangerie et attendit le lancement de l'affaire, tenu par Rosanne, pour abandonner et vendre la boulangerie. A partir de ce moment, la petite famille propera très vite. C'était la belle époque et la fortune souriait aux entrepreurs. Avec six enfants, Rosanne, tenait l'hotel restaurant, secondé par une nourice, ma grand mère parternelle, et du personnel tandis que Joseph achetait une exploitation agricole pour approvisionner le restaurent et gérait un atelier de tissage.
Avec la réussite, Rosanne constata un chjangement dans le caractère de Joseph, son mari. la vie sentimentale passa au second plan au profit de ses affaires et Rosanne en souffrit beaucoup.
Joseph connut et survecut à deux epreuves difficiles, d'abord l'éloignement de sa famille et la mobilisation pour la guerre de 1914 -1918, puis la grippe Espagnole qui fit plus de mort que la première guerre mondiale ! Mais c'est en fait le nouveau fleau des temps modernes qui le tua, car il décéda d'un cancer le 9 septembre 1936, il avait 64 ans.
Rosanne avait alors 57 ans et mon grand père, organisa sa succession, en prévision de son décès prochain, en avantageant ses fils au détriment de ses filles et surtout de son épouse ! Personne, ne sut pourquoi il avait agit ainsi. Par machisme, pour avantager ses garçons, ou avait-il peur que sa veuve fortunée refasse sa vie ? Je pense que c'est par jalousie, par crainte que Rosanne puisse refaire sa vie.
De cette façon Rosanne se retrouva du jour au lendemain sans ressource, complètement dépendante de ses enfants.Dans sa grande générosité, Joseph légua à son épouse, une dépendance de deux pièces dans la ferme, pour éviter sans doute que Rosanne termine à l'hospice publique ! Elle qui avait batit de ses mains une grande partie de la richesse familiale !
Elle resta un temps à l’hôtel, avec son fils Raymond et sa belle fille Berthe, qui en avait hérité, puis partit, à la suite de mésententes, comme c'était prévisible, chez son fils René, qui avait hérité, lui, de l’exploitation agricole familiale. A la ferme, Rosanne se rendit utile en s’occupant des repas et des tâches ménagères, pendant que Marthe était aux travaux des champs. Marthe garda sa belle mère jusqu'à l’âge de 80 ans environ.
Rosanne fut heureuse pendant toutes ses années mais avec ses complications de santé, Marthe demanda à Jeanne, Yvonne et Elise, les filles de Rosanne, , de s’occuper de leur mère. Ma grand- mère alla en pension, par roulement, chez ses filles pendant un an ou deux, puis devant l’état de dépendance accrue, liée à la vieillesse, Yvonne et Jeanne trouvèrent la charge trop lourde.
Je me souviens du jour où nous étions allés lui rendre visite chez Yvonne. Ma tante se plaignit de ne plus pouvoir s’occuper de sa mère. Alors Rosanne suggéra résignée : « mes filles, placez-moi dans une maison de retraite, je ne veux pas être un poids ».
Ma mère répondit : « jamais ! Prépare tes affaires, je t’emmène chez moi »
Rosanne était tellement heureuse de se retrouver en face de son hôtel qu’elle aimait tant, ce commerce avait été toute son existence ! Elle passa la fin de sa vie assise dans son fauteuil en osier, sur le trottoir en été, ou derrière la fenêtre de la cuisine en hiver, regardant « son » hôtel repris par son fils Raymond, ravie par le va-et-vient des clients et du personnel, et satisfaite du développement de l’affaire familiale.
Elle récitait souvent des rosaires, en tricotant des chaussettes et des sous-vêtements, voulant toujours se sentir utile à 85 ans.
Chère Rosanne, si tu savais combien je détestais tes culottes tricotées que je portais surtout lorsque je devais me déshabiller les jours de vaccinations à l’école !
Chère Rosanne, je ne t’oublie pas, tu tiendras toujours une place à part dans mon cœur !
Je ne sais plus très bien combien de temps Rosanne vécut avec nous, mais lorsqu’elle arriva à la maison mes parents installèrent son lit dans la salle à manger. Les temps ont bien changé, car qui accepterait, de nos jours d’accueillir un vieux parent dans un petit appartement et d’installer son lit au milieu du séjour !
Cela ne posait pas de problème pour nous, personne ne s’est plaint de la promiscuité et du dérangement, sauf Rosanne qui savait bien qu’elle créait de l’embarra, mais Elise, ma mère, n’a jamais voulu la mettre dans une maison de retraite, car cette éventualité avait été évoqué parmi les enfants de Rosanne.
Chère Rosanne, je ne t’oublie pas, tu tiendras toujours une place à part dans mon cœur !
Rosanne décéda, le 18 août 1965, en embrassant la main de ma mère, comme un ultime geste de gratitude envers sa fille qui l’avait gardée près d’elle dans les derniers mois de sa vie, en disant : « je pars l’esprit en paix ».